mercredi 2 mars 2011

Pré-salé

La lune a déposé des marques d’amertume
Mon cœur est désolé de hurler à la lune
Si souvent comme un loup perdu seul dans la brume
Qui se retrouverait bien trop près de Neptune

Caché au fond des soutes du Conquet à Ouessant
Passager clandestin ton destin se précise
Eden des boules de laine semées vers le ponant
Pour des festins promis sur la terre promise

Mais pour avoir posé tes pattes sur la lande
Tu recraches le sel du sang de la brebis
Dégoûté tu embarques pour la Nouvelle Zélande
Dans un Airbus tapi vers un vrai paradis

Sur l’île des brebis trop salées un enfant
T’avais dis « Mon gros loup, vois ce que je vais faire
Le temps que tu termines ton repas tout sanglant
Tu paris qu’en vélo je fais un tour de terre ? »

Sous vos yeux chers lecteurs du Conquet tous conquis
Ou d’ailleurs ce n’est pas un problème gustatif
Il s’agit du premier poème interactif
A vous de deviner qui gagna le pari



mardi 1 mars 2011

Poil dans la main

Que veux-tu faire plus tard enfant d’Ouessant
Marin comme ton père
A moins que tu ne pré
-fères pêcheur de harengs
Au grand dam de ta mère ?

Que veux-tu faire plus tard enfant d’Ouessant
Un métier de courage
Lutter avec l’orage
Croché dans les haubans
Monter à l’abordage ?

Que veux-tu faire plus tard enfant d’Ouessant
Plonger dans les grands fonds
Ainsi que le grand blond
Non pardon le grand bleu
Talentueux et dément ?

Que veux-tu faire plus tard enfant d’Ouessant
Un marin militaire
Au grand dam de ta mère
Ou alors commandant
Elle en serait très fière ?

Que veux-tu faire plus tard enfant d’Ouessant
Scientifique peut-être
Pour étudier les êtres
De tous les océans
Ou alors géomètre ?

Plus d’interrogation ma mère
J’ai là ma vocation
Enfin je sais que faire
J’épouse une bergère
Et je fais bûcheron



lundi 28 février 2011

Choix

Au milieu de l’infiniment petit
De l’infiniment grand
Qui l’un et l’autre nous dépassent
Le mégalo prendra un vaste continent
Le dépressif aura une crise d’angoisse
Perché au bord du vide d’une étoile suicide
Le parano s’armera de défenses
Faisant de sa planète un oursin véritable
Le psychopathe armé violent et redoutable
Fera brûler la sienne en l’aspergeant d’essence
A moins qu’il ne préfère la dissoudre à l’acide
Loin de là mais toujours très près de son nombril
Perdu dans ses pensés au bord de l’océan
Descendu de son fil posé sur son séant
L’homme sensé prendra une île
Pour en faire le tour plus souvent



dimanche 27 février 2011

The last dance

La mer est revenue danser
Mais ces golfs ne sont pas clairs
Sa danse est un sabbat d’enfer
Où hurlent les courants d’air frais

Prends dans tes bras pour un tango
Le corps voluptueux de la vague
Il ne s’agit plus là de drague
Car à ton corps c’est un écho

Prends dans tes bras pour une valse
Cette trombe où tout tourne rond
Par la tourbe et le tourbillon
Faites que toujours tu l’enlaces

Prends dans tes bras pour un mambo
Les embruns qui là s’éparpillent
Clochettes de la séguedille
Sous un nuage sombrero

Prends dans tes bras pour la samba
La houle ondulante qui roule
Sous tes mains le fessier se moule
Ses hanches penchent sous tes doigts

Prends dans tes bras la mer immense
Nourricière injuste et terrible
Sacrifie donc ta dernière île
Au plaisir d’une ultime danse




vendredi 25 février 2011

Bastion

Une île est une forteresse
On ne peut y poser les pieds
Et l’on ne peut y faire un geste
Sans qu’un accord nous soit donné
Une île est une forteresse
On ne peut y venir à pied
On ne peut y poser les fesses
Et la mer est de son côté
Mais à notre époque il ne reste
Plus de bastide où se cacher
Ni plus aucune forteresse
Pour notre amour à protéger
Car si jamais ces citadelles
Se lassent d’être piétinées
S’il vient à leur pousser des ailes
Nous n’aurons plus rien à rêver




jeudi 24 février 2011

Mea poulpa

L’attente accule le temps
Sang Sue de tous les pores
Où les marins titubent
Guettés par les succubes
Jetés tels des corps-morts
Pieuvre qui vampirise
Et calamars géants
Qui ventousent et qui gisent
Aux abysses du sang
D’un océan de sang
Qui coure et qui bouillonne
Qui parfois court-bouillonne
Ne cuit jamais à temps
Ne paie jamais comptant
Et n’est jamais content
Mais toujours t’illusionne
Un peu en attendant
Elle est le mysterium
Contre l’oreille de l’homme
Coquillage sans image
Où la mer bat son sang
Sans les vagues sans le vent
L’attente occulte ment
 

 

Horizon

Comme ils sont heureux ceux restés au creux des terres
Sans jamais embrasser cet horizon si large
Si rempli de promesses qu’il en est délétère
Causant tant de folies de morts de ses mirages

Comme ils sont heureux ceux dont l’imagination
N’a jamais dépassé le clocher du village
Les pots de géranium posés sur leur balcon
Un au-delà meilleur s’ils ont été bien sages

Comme ils sont heureux ceux qui n’ont jamais vu d’îles
Jamais déambulé tout au long des pontons
Rêvant à autre chose qu’au moteur imbécile
Qui dort sous ses chevaux tapi dessous le pont

Ils sont heureux ceux qui sous les astéroïdes
Pénètrent leur copine de leur sexe bandant
Larguant deux cent millions de spermatozoïdes
Sachant que l’arrivée verra un survivant

Comme ils sont heureux ceux qui croient qu’en politique
Ce n’est pas la même chose pourtant c’est évident
Celui qui se balance tout en haut du portique
Pour sacrifier les autres n’hésite un seul instant

Comme ils sont heureux ceux qui regardant la lune
N’y voient qu’un satellite un peu bouffé aux mites
Alors que tout poète y monte à la tribune
Rompu à l’acrostiche ou simple néophyte

Alors soit donc heureux homme de cette Terre
Ou malheureux selon que tu tiens dans ta main
Ta naissance à un bout ou l’autre de la Terre
L’aptitude à aimer ou haïr ton voisin